L’Afrique est la région qui connaîtra le taux d’accroissement le plus important. Le nombre d’habitants doublera et atteindra 2,4 milliards d’ici 2050. Deux milliards quatre cents millions d’hommes et de femmes auxquels il faudra assurer une alimentation saine et équilibrée au travers d’une agriculture productive, inclusive et durable. Ces questions primordiales, seront abordées lors du prochain festival Futur.e.s in Africa les 28 et 29 octobre prochains.
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L’économie durable est une nécessité. Le changement climatique et les bouleversement qu’il entraîne a souligné la nécessité de tendre vers des économies viables tout en répondant aux besoins primaires de chacun. Parmi ces derniers, se trouve l’alimentation. Avec une population en constante augmentation, l’agriculture durable constitue l’un des enjeux majeurs de notre temps et ce, particulièrement pour les pays du continent africain.
Réservoir d’eau asséché au Cap (Afrique du Sud) @REUTERS / MIKE HUTCHINGS
L’agriculture ou l’enjeu majeur de Afrique
L’agriculture est essentielle à l’économie de la plupart des pays africains. Ce secteur d’activité pèse 32% du PIB africain et englobe 60% de la population active. La majorité des exploitations, 80 % environ, sont de petites tailles. Celles-ci ont souvent été la caution d’une agriculture attentive et respectueuse, de par l’utilisation minimale de produits chimiques. Au Ghana, par exemple, ce sont les petits agriculteurs qui assurent l’exploitation de cacao et garantissent au pays anglophone sa deuxième place d’exportateur mondiale. Par ailleurs, l’Afrique dispose encore de 600 millions d’hectares de terres cultivables et non exploitées, soit 65% des réserves mondiales.
Toutefois le manque de productivité reste un grand obstacle et conséquemment les besoins de chacun de sont pas satisfaits. La sécurité alimentaire est une préoccupation majeure : ⅕ de la population subsaharienne souffre de sous-alimentation chronique. La production continentale n’est pas suffisante. Les Etats doivent donc importer. L’Organisation des Nations Unies estime que les importations alimentaires africaines attendront 48,7 milliards de dollars d’ici la fin de l’année 2019.
Cela s’explique par les nombreux freins que rencontrent les agriculteurs africains, limitant leur productivité et leurs rentabilités. D’une part, ces entraves sont d’ordre météorologique. Le changement climatique crée tantôt des périodes de sécheresse et/ou d’inondation, et le manque d’accès aux informations bouleversent la production et la culture. Dans un second temps, apparaissent les contraintes matérielles. Les engrais, essentiels à la croissance, mais coûteux ne sont que peu utilisés par les agriculteurs africains et très peu d’entre eux disposent de systèmes d’irrigation. D’après le rapport de la CNUCED publié en 2015, seulement 4% des terres cultivées en Afrique subsaharienne sont irriguées, soit 35% de moins qu’en Asie du Sud par exemple. Le manque de connaissance relatif à la courbe de la demande et au cours des prix est une autre entrave au développement du secteur agricole. Les produits sont vendus directement à la ferme ou sur les étals des marchés locaux et sont exportés à l’échelle nationale voire internationale au travers d’intermédiaires. Les agriculteurs ont donc un potentiel de croissance limité et profitent peu, voire pas du tout des hausses des prix contrairement aux distributeurs qui spolient les surplus. Le manque d’accès au financement et une contrainte supplémentaire. Seul 10 milliards de dollars de crédits sont accordés pour une demande qui atteint 450 milliards de dollars. C’est un fait, les africains sont peu bancarisés et les exploitants ne font pas office d’exception. Leur solvabilité ne pouvant être vérifiée, les crédits leur sont généralement refusés. L’investissement est pourtant essentiel au développement du secteur.
Le potentiel agricole africain est énorme mais le manque de moyen est conséquent. Le continent connaît une forte croissance démographique et les risques de malnutrition et de déprivation risquent d’accroître et d’être accélérés par le dérèglement climatique. Le numérique peut apporter une solution sur le long terme à condition que les initiatives émanent du continent, pour répondre au mieux aux contextes qui lui sont spécifiques.
Crédits : Reuters
L’Agritech et l’édification d’une agriculture productive et durable
En Afrique, les start-up spécialisées dans l’Agritech restent peu nombreuses, on en compte une centaine, principalement à l’Est. Cependant, depuis quelques années, de plus en plus d’initiatives éclosent des quatre coins du continent. La fertilité des sols fait l’objet d’une attention particulière. Des systèmes de surveillance ont été mis en place permettant une meilleure exploitation. Les capteurs analysant les variables pluviométriques par exemple, conduisent les agriculteurs à mieux concevoir et gérer leurs opérations. L’utilisation de drones est également en pleine essor allouant un contrôle à distance. Aussi, les systèmes d’automatisation permettent une gestion efficiente de l’eau et ont donc une répercussion sur la qualité des produits. Save Our Agriculture propose des systèmes aquaponiques urbains, efficients et économiques en eau, qui permettent la production de légumes biologiques grâce à un engrais naturel provenant des excréments de poissons. Parallèlement FoodHubs utilise des chariots froids fonctionnant à l’énergie solaire et dotés de capacités loT pour aider les agriculteurs à stocker leurs produits afin d’éviter des pertes après la récolte. Au Sénégal, Aywajieune établit un lien direct entre exploitants et consommateurs et garantissent ainsi un commerce plus équitable. L’Agritech est pour beaucoup considérée comme étant la solution pouvant répondre aux défis auxquels sont et seront confrontés l’Afrique et ses habitants. Les innovations proposées ont un impact positif sur le rapport coût-efficacité, permettent une production plus rapide et assurent un revenu plus important aux producteurs.
Siège de l’Union africaine à Addis-Abeba (Ethiopie) – @Tiksa Negeri / REUTERS
Les entraves à l’implosion de l’Agritech en Afrique
Les idées sont nombreuses, bonnes et adéquates, cependant, les innovateurs sont freinés par un cadre législatif chétif et ils souffrent d’un manque de financement qui empêchent leur développement.
Ces problèmes sont taclés par des initiatives publiques-privés qui poussent l’innovation en Afrique et permettent la rencontre de microcosmes avant-gardistes. Mais plus de fonds doivent être débloqués pour permettre la création de plus d’incubateurs et autres supports, nécessaires à l’accompagnement et au développement des entreprises, qui veulent se spécialiser – entre autre – dans l’agritech. C’est pourquoi les Etats Africains doivent faire de l’agriculture leur priorité et échafauder des législations, élaborer des lois qui favorisent les financements et incitent à l’innovation.
L’Union Africaine a fait de l’année 2014 celle de “l’Année de l’Agriculture et de la Sécurité Alimentaire” et a adopté la déclaration de Malabo “sur une croissance accélérée de l’agriculture et une transformation pour une prospérité partagée et des moyens d’existences améliorées”. D’après le rapport sur la digitalisation de l’agriculture africaine 2018-2019, seuls 20 pays sont en train de remplir ces objectifs fixés pour 2025. L’Agriculture n’est toujours pas une priorité pour la majorité des Etats. L’investissement étatique dans ce secteur d’activité représente à peu près 6,25 milliards de dollars chaque année alors qu’il faudrait investir 6,4 fois plus pour permettre la transformation de l’agriculture africaine. En outre, les innovations et nouvelles technologies ne permettent pas de combler le manque cruel d’infrastructures. Le déficit de routes rend difficile l’acheminement des produits. La défaillance des réseaux de communications limite l’accès aux TIC et ce particulièrement en milieu rural. Par ailleurs, les Etats devraient investir dans l’éducation pour élargir la communauté d’ingénieurs et développeurs africains qui seront les plus à même de saisir la particularité des enjeux locaux.
Flavien Kouatcha – Save Our Agriculture
L’Agritech, une solution d’avenir
L’Agritech est une solution d’avenir pour l’essor de l’agriculture en Afrique. Cependant, le nombre d’innovation, provenant du continent, reste faible. En plus, elles sont concentrées dans la région Est. Le manque de financement et de support empêchent également leur profusion. Les Etats doivent agir et les initiatives locales doivent être soutenues. C’est de cette façon que, tout en étant respectueux de notre environnement, les populations et générations futures pourront être nourris.
On en parle à Futur.e.s in Africa :
Au micro :
Ludovic Fokam, Co-fondateur Save Our Agriculture. Cameroun
Nawal Chraibi, Directrice Générale, Mascir. Maroc
Omar Lahbabi, Associé Deloitte. Maroc
Lacina Ouattara : Maire de Danané. Côte d’Ivoire
Modérateur : Fanny Dauchez, Seedstars, Côte d’Ivoire
Au programme :
AgriLab (Côte d’Ivoire) c’est le premier FabLab d’autoconstruction de matériel intelligent, adapté à une agroécologie paysanne.
La plateforme Aywajieune (Sénégal) permet le référencement de produits halieutiques. Elle permet aux pêcheurs de facilement écouler leurs produits auprès des consommateurs, restaurants et hôtels qui bénéficient en retour d’un accès facilité et de prix compétitifs.
Une plateforme web Fenou Packaging (Bénin) permet aux producteurs agroalimentaires de trouver l’emballage biodégradable adéquat à leur produit.
Foodhubs (Nigeria) propose des chariots froids fonctionnant à l’énergie solaire et dotés de capacités loT pour aider les agriculteurs à stocker leurs produits afin d’éviter des pertes après la récolte.
Save Our Agriculture (Cameroun) développe des systèmes aquaponiques urbains, efficients et économiques en eau, qui permettent la production de légumes biologiques grâce à un engrais naturel provenant des déjections de poissons
La plateforme Tradebuza (Nigeria) permet de numériser les contrats et les actes de vente agricoles.