Et quoi de plus naturel de faire un premier article sur une thématique très présente à Futur en Seine et faisant partie des marchés stratégiques de Cap Digital : l’éducation.
Depuis la création du festival, plus de 20 sociétés sont venues présenter leur vision de l’éducation, des nouveaux modes d’apprentissage, des expériences ludiques et créatives.
Retour sur les projets de la 1ère édition
En 2009, un atelier « Jouer pour apprendre » a été mis en place dans le cadre des rencontres sur les pratiques numériques des jeunes. Cet événement était organisé par le Ministère de la Culture et de la Communication (Délégation au développement et aux affaires internationales) le Haut-Commissaire à la Jeunesse (Direction de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative) et la Délégation aux usages de l’Internet.
Autour de ce thème, une conférence sur « Classe Virtuelle, dispositif d’accès distant et tutorat » s’est tenue à La Fonderie de l’Image ainsi qu’un atelier autour du logiciel « Scratch », destiné à apprendre la programmation aux enfants à partir de 8 ans. La communauté française est d’ailleurs aujourd’hui assez active sur ce sujet.
Deux ans plus tard, au cours de la seconde édition, une réflexion autour de l’apprentissage c’est posée lors d’une conférence de Sugata Mitra sur le thème « Quand les enfants apprennent eux-mêmes : Méthodes d’organisation personnelle dans l’éducation de niveau primaire » (Retrouver la vidéo ici).
Pendant le Village des innovations, deux projets étaient exposés : le Petit Chaperon Rouge, livre numérique pour enfants et Teeniz, serious game pour les enfants de 9 à 11 ans conçu pour la pratique de l’anglais.
Un vivier de projets au cœur d’un secteur en perpétuel évolution
Au cours de l’édition 2012, 6 projets étaient présentés au sein de la thématique « Enfants ». Les supports numériques connaissent un vrai essor comme outil pédagogique et le Salon Montreuil Jeunesse l’a bien compris : quoi de mieux qu’une tablette XXL pour découvrir de nouvelles pratiques comme des lectures interactives, des partages de récits, le tout alimenté d’images, jeux, textes et sons.
La société Pilipop (ex Babble Planet) proposait un jeu social, destiné aux enfants de 8 à 11 ans pour pratiquer l’anglais et interagir avec des enfants d’autres pays du monde. Un dispositif innovant, utilisable sur internet ou sur tablette qui a rencontré un franc succès auprès des enseignants présents au festival et des enfants.
Enfin les éditions volumiques ont fait le pari de conjuguer le livre et la tablette tactile en proposant un jeu constitué d’un livre et d’un ballon en papier posé sur une tablette : l’enfant dirige ensuite son ballon, au gré du vent et explore différents mondes.
Au niveau mondial, les ventes de tablettes ont été multipliées par 6,6 entre 2010 et 2012, représentant 128,3 millions d’unités vendues, contre 19,4 millions en 2010. Un marché qui connait une croissance encore plus forte en France, le volume ayant été multiplié par 9 entre 2010 et 2012. De belles perspectives donc pour les éditeurs et le secteur de l’éducation.[1]
Et aussi : Aerys, Le Cube, Tralalère
La tendance c’est confirmée en 2013, où 14 sociétés sont venues exposer leurs projets innovants sous la thématique éducation.
On a pu y retrouver de nombreux acteurs présentant des formations d’e-learning (comme par exemple le site du Zéro), des sites internet éducatifs comme Brain pop ou My Blee avec une application pour les 6 – 14 ans qui proposaient des contenus pédagogiques interactifs.
La question de l’usage des outils numériques à l’école c’est posé à nouveau avec la société Armadillo qui présentait la télévision comme support pour le partage de contenus avec les élèves. Sur le même registre, la société Tralalère a imaginé un moyen ludique, au travers d’un isoloir numérique, pour sensibiliser les moins de 18 ans au vote et ainsi leur donner les clés de compréhension pour faire part de leur avis sur des thématiques sociétales.
Pour les plus jeunes, Joue avec proposait d’apprendre l’histoire de l’art en s’amusant, sur tablette, où les enfants pouvaient toucher les œuvres d’art et même créer leurs propres œuvres. Toujours sur le même support, Marbotic a imaginé un jeu en bois interagissant avec les tablettes tactiles pour les enfants de 3 à 5 ans.
Et aussi : Château Académy, Edition Volumiques, Evidence, SoQuiz, Tiny Tap, Y a de la science derrière la technologie
Du virtuel au réel
En 2012 et 2013, Editis a installé sa classe numérique à Futur en Seine. Pendant 4 jours, le public a ainsi pu découvrir des tableaux numériques interactifs, des ordinateurs et tablettes associés aux ressources développées par les éditeurs, qui favorisent les modes d’apprentissage, démocratisent l’accès aux connaissances et rendent ludiques et attractifs les enseignements.
Des cours d’anglais interactifs ou encore un cours d’histoire des arts ont eu lieu, permettant ainsi de mettre en avant ces nouveaux outils et supports pédagogiques.
Un modèle sur lequel le ministère de l’éducation travaille également puisqu’à la rentrée, 23 sites pilotes ont été mis en place sur le territoire national pour développer les usages pédagogiques du numérique. Les principaux objectifs du programme « collèges connectés » sont d’intégrer le numérique dans le quotidien des établissements, démontrer les apports concrets du numérique pour les élèves, les enseignants et les familles, tout en favorisant les usages du numérique propices à la réussite scolaire.[2]
A l’étranger, les initiatives ne sont pas en reste. Barack Obama en a même fait une priorité en lançant en juin dernier l’initiative ConnectED avec un objectif clair : « faire entrer d’ici 5 ans 99% des élèves américains dans l’ère du numérique en équipant écoles et bibliothèques, de la prochaine génération, d’Internet sans fil à haut-débit ».
Par ailleurs, un rapport de la commission européenne, publié en février 2013, sur les usages des technologies éducatives indique que les pays scandinaves (Norvège, Suède, Finlande, Danemark) disposent aujourd’hui du meilleur taux d’équipement dans leurs établissements.
Une avance qui tend à se développer au sein de l’Union Européenne puisque les élèves et les professeurs sont en général favorables au numérique, et le nombre d’ordinateurs a doublé depuis 2006. Le rapport indique toutefois que les niveaux d’acquisition de compétences numériques restent très inégaux selon les pays.[3]
Questions à : Mathieu Nebra
1/ Quand vous avez commencé le Site du Zéro, il n’y avait pas encore de MOOCs, seulement des sites de tutoriels, écrits ou filmés. Et, aujourd’hui, ce ne sont pas nécessairement des sites institutionnels qui produisent des MOOCs, le concept ne semblant pas appartenir essentiellement au monde officiel de l’enseignement. Quelle est alors, selon vous, la différence réelle entre sites de tutoriels et MOOCs ?
C’est d’abord une prise de conscience collective qu’Internet permet de diffuser plus largement et efficacement le savoir. Si le terme « tutoriels » était technique, plutôt réservés aux habitués du Web, MOOC est un terme qui rentre dans les esprits du grand public comme « Cours accessibles en ligne ».
Il s’agit donc en premier lieu d’une différence de perception des apprenants car, fondamentalement, dans les deux cas on s’efforce de produire des cours accessibles au plus grand nombre.
Ensuite, il y a un fait qu’on ne peut ignorer : le phénomène MOOC est pris au sérieux par le corps enseignant. Ces derniers ne s’intéressaient pas aux « tutoriels », même si dans le fond beaucoup d’entre eux étaient proches ou identiques aux MOOCs.
Enfin, je constate qu’il y a une volonté d’accompagner les élèves, de les suivre, qui n’existait pas (ou peu) dans ce qu’on appelait les « tutoriels ».
2/ Vous avez ouvert il y a environ un an le Site du Zéro à des séries de tutoriels élargis à l’ensemble des matières scientifiques. Quel est l’accueil du public pour ces nouveaux domaines ?
Les visiteurs sont enthousiastes. De nombreux d’entre eux m’ont proposé de m’aider à rédiger des cours sur les maths, et d’autres ont déjà commencé plusieurs cours sur la physique, la chimie, l’électronique, les maths.
3/ Tout récemment, l’Université de San Diego a proposé de conjuguer MOOCs et recherche, proposant en quelque sorte l’idée de Massive Open Online Research. Qu’en pensez-vous ? Avez-vous pour projet, dans le futur, de vous associer avec des institutions (Universités, Labos de recherche…) ?
Nous sommes déjà associés à des labos de recherche : LIRIS (Lyon 1) et INRIA Grenoble (équipe Tyrex). Ils co-développement la plateforme avec nous et bénéficient des retours d’usage massifs de nos cours pour améliorer le projet et pour leurs propres travaux de recherche en ingénierie pédagogique.
4/ Sera-t-il possible un jour de recevoir un diplôme officiel « Open Classrooms » ?
Un diplôme, je ne l’exclue pas !
Un certificat, c’est déjà le cas ! http://fr.openclassrooms.com/certifications/html5
Une personne vient de passer l’examen pas plus tard que ce matin. ;o)