Quelles opportunités pour réinventer les infrastructures en Afrique ?

Parmi les freins effectifs au développement économique des pays d’Afrique, le manque d’infrastructure occupe une place de choix : celles-ci sont une condition intrinsèque à l’essor économique et sociale d’un pays. Si de lourds investissements ont été faits dans ce sens, il existe encore un manque considérable estimé à 1700 milliards de dollars. D’aucun considère ce gap financier comme une opportunité pour le secteur privé pour inventer de nouveaux modèles d’infrastructures, Futur.e.s in Africa se penche sur le sujet.

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Au coeur de l’organisation des pays et nécessaires au développement économique du continent, d’autant plus dans un contexte de croissance démographique exacerbée, les infrastructures sont devenus une préoccupation majeure pour beaucoup des pays d’Afrique. La distribution d’énergie, l’accès à l’eau, le transport ou encore la mise à niveau des réseaux sont un levier majeur du développement des économies. Selon la Banque Mondiale, le manque d’infrastructure ralentie la croissance des pays d’Afrique et limite la productivité des entreprises, sans parler des problèmes et inégalités sociales qui en découle. Car en plus du manque d’infrastructures et de la vétusté de celles existantes, la population africaine paie jusqu’à deux fois plus cher l’accès aux services

Pour être à la hauteur des enjeux, les investissements des 22 prochaines années sont évalués à 6000 milliards de dollars, tandis que les engagements se portent à  4300 milliards de dollars, soit un manque à gagner de 1700 milliards de dollars, selon le Global Infrastructure Hub. Au vu de l’incapacité des Etats à assurer le financement des grands projets d’infrastructures, il est nécessaire de diversifier les sources de financement, notamment en se tournant vers le secteur privé. D’ailleurs il existe déjà des initiatives de start-up qui contournent les problématiques variées qui touchent les populations. Futur.e.s in Africa veut mettre sur le devant de la scène ces solutions frugales et résilientes pour pallier le manque d’infrastructures en Afrique. Aussi, ce manque d’infrastructure représente un marché émergent et attractif pour les investisseurs ; reste à instaurer un climat propice à la mise en place de ces partenariats publics-privés.  

Infrastructures et innovations : Partir de rien et sauter des étapes !

Route, transport, télécommunication, éducation, hôpitaux… Ces points sont les maillons faibles du développement en Afrique. La faiblesse des infrastructures s’explique souvent par un sous-investissement de la part des gouvernements africains. Au vu du manque d’infrastructures, des initiatives émergent et transforment le paysage des infrastructures plus vite que ne le ferait un Etat. Des start-up proposent de plus en plus de services dématérialisés, caractéristiques du leapfrog africain. Cela produit des infrastructures plus malléables qui s’adaptent davantage aux besoins différenciés des populations.

Un exemple frappant concerne le Mobile Banking. Face aux difficultés rencontrées pour accéder au système bancaire, une alternative a été trouvée par monnaie mobile. En 2007 M-Pesa a lancé sa solution de paiement mobile, aujourd’hui 28 millions de kényans l’utilisent sur 44 millions d’habitants. Cela a révolutionné les services de paiement. D’ailleurs, le mobile banking est considéré par la Banque Mondiale comme facteur d’inclusion bancaire. Première pierre d’une révolution des rapports aux infrastructures où les services mobiles ou numériques ont fait plus que leur part. Une grande force du continent réside en sa capacité à innover sous contrainte. L’évidence est là : quand on doit impérativement faire moins cher, on fait plus efficace. Les exemples sont nombreux : M-Kopa qui équipe les foyers kenyans en électricité grâce à des panneaux domestiques et un paiement selon le modèle du pay-as-you-go. Ou encore la start-up togolaise Urbanattic qui cherche à anticiper les problèmes de nutrition en ville afin de pouvoir agir en amont. Au Ghana, pour contrecarrer le manque d’adresse et de nom de rue, la start-up SnooCode a développé une application ghanéenne qui génère un code unique pour chaque endroit grâce au système de géolocalisation des smartphones… Le continent utilise pleinement tout le potentiel du numérique a contrario des pays du Nord qui ont vu leurs économies bouleversées par l’arrivée du digital. C’est pourquoi de l’Afrique un marché très attractif et propice à toute sorte d’innovation, quel que soit le secteur concerné. Les gouvernements ont ainsi peu de frayeur à utiliser le numérique comme pilier, comme c’est le cas en Afrique du Sud qui est le premier pays au monde à s’appuyer sur la blockchain pour fiabiliser la University of South Africa. Ainsi la plus grande université du continent avec près de 300 000 étudiants – est 100% en ligne. Cela fait de l’Afrique le terrain de jeu idéal pour les innovateurs qui veulent penser les infrastructures autrement.

Une opportunité pour les entreprises

Jusqu’ici, le gros des financements des infrastructures était soutenu par les pays du continent. Cependant depuis 2015 les économies ont été affaiblies par des défis successifs, ce qui a fait pencher la balance négativement en termes de capitaux alloués à la construction de nouvelles infrastructures. Chaque année le Consortium Africain pour les Infrastructures dresse les tendances du financement des infrastructures en Afrique, en 2016 ceux-ci avaient baissé de 21%, en signe de la récession économique. Une diminution aussi faible que les besoins sont forts. Car la nouvelle donne du développement durable a provoqué de nouvelles contraintes d’infrastructures.  

Au vu du contexte économique, et même avec une aide internationale, le Global Infrastructure Hub estime que les Etats africains ne pourront pas trouver la totalité de ces financements nécessaires : le manque à gagner s’élève à 1700 milliards $. Une situation complexe qui a déjà une réponse toute trouvée : le secteur privé doit augmenter sa participation. Plus que des obligations sur le marché financier, cela représente une véritable opportunité pour les entreprises de s’inscrire dans le développement de longue durée des différentes économies d’Afrique et ainsi prospérer sur un marché en pleine expansion. Les partenariats public-privé représentent aussi une opportunité pour les pays du continent, attirer des entreprises et investissements internationaux peut aider à améliorer leur logistique commerciale, renforcer les connaissances et compétences des entrepreneurs locaux, gagner la confiance des acheteurs internationaux, et, de manière progressive, permettre aux entreprises de la région de devenir compétitives. 

Certains l’ont déjà compris, comme pour le pont Henri Konan Bédié sur la lagune d’Abidjan, financé par une partenariat public-privé entre Bouygues, des banques et l’Etat Ivoirien. Un chantier immense de près de 232 millions d’euro, symbole du développement des infrastructure en Afrique. Un pont qui va permettre de fluidifier la circulation dans la capitale mais aussi d’engranger des bénéfices monstres grâce au péage…

A l’horizon de 2050 et au vu des impératifs écologiques qui vont frapper le continent, les organismes internationaux (la Banque Africaine de Développement, l’Union Africaine, l’Agenda 2063 et l’ONU) ont fixé des objectifs de développement durable forts. C’est pourquoi favoriser des infrastructures de qualité et respectueuses de l’environnement, malgré l’investissement de départ, est une priorité. Elles pèseront fortement sur la balance économique des pays en termes de croissance et de productivité. Les réseaux de transport éparses et vétustes en sont un bon exemple, les renforcer permettrait de limiter les pertes des entreprises, et par un cercle vertueux d’augmenter la taille des marchés du travail, d’intensifier la production etc. Les TIC sont  de plus en plus mobilisées dans le développement durable. Des démarches sont déjà faites en ce sens, le Rwanda se pose même en leader dans l’utilisation d’infrastructures intelligentes pour favoriser le développement social et économique. C’est pourquoi Futur.e.s in Africa met au cœur de sa programmation la question épineuse des infrastructures durables en Afrique et de leurs financements.

>>> Rendez-vous le 29 octobre à Casablanca <<<

 

On en parle à Futur.e.s in Africa :

Le financement des infrastructures à l’ère du saut technologiqueCONFÉRENCE – Mardi 29 octobre au Siège de la Région Casablanca-Settat – 10:30 – 11:30

A conversation with. Retours d’expériences des villes durables du 21eme siècle en AfriqueCONFÉRENCE – Mardi 29 octobre au Siège de la Région Casablanca-Settat – 11:30 – 12:30 

Smart city, opportunités et challenges en Afrique – ATELIER – Mardi 29 octobre au Siège de la Région Casablanca-Settat – 10:30 – 12:30

Les enjeux de la souveraineté numérique – ATELIER – Mardi 29 octobre au Siège de la Région Casablanca-Settat – 15:30 – 17:30

Les initiatives entrepreneuriales au service des collectivités ATELIER – Mardi 29 octobre au Siège de la Région Casablanca-Settat – 16:00 – 18:00

Au micro :

Khaled Ben Jilani, Directeur Associé AfricInvest, Tunisie

Reda Hamedoun, Directeur exécutif AttijariWafa bank, Maroc

Hacina Py, Responsable Mondiale du Financement Export Société Générale, France

SFI (filiale de la Banque Mondiale), Maroc