Cet article est le premier d’une série “Sport & Innovation”. À suivre chaque semaine sur le blog de Futur en Seine.
Les choses auraient-elles été différentes s’il y avait eu un hashtag #TroisZéro pendant la coupe du monde de 1998 ? Si le premier homme à sauter plus de 200m à ski avait porté une GoPro ? Si Yannick Noah avait manié une raquette connectée pendant Roland-Garros 1983 ?
Marquez d’une croix le mois de juin 2016 dans vos agenda : s’y rencontreront deux événements majeurs sur le territoire français : l’Euro 2016 et Futur en Seine. Pour l’occasion, le festival revêt son jogging et ses chaussures de courses et s’entraîne de pied ferme pour vous offrir une édition sportive et innovante.
Comment ferons-nous du sport demain ? Qu’est ce que l’innovation numérique apporte et apportera aux sportifs ? Avant de découvrir l’ampleur du phénomène sur le festival, la série d’articles Sport & Innovation vous offre quelques pistes de réponse tirées de champs aussi variés que la robotique, l’Internet des Objets, la santé, mais aussi la smart city, le jeu vidéo et les médias. Aujourd’hui, l’impact du déploiement des nouvelles technologies sur les pratiques d’entraînement des sportifs de haut niveau. Habillés de tissus intelligents, bardés de capteurs pendant les entraînements, les sportifs voient leurs performances épiées sous toutes les coutures.
Être étudié sous toutes les coutures
L’entraînement des sportifs de haut niveau a radicalement changé ces dernières années. Soutenue par l’innovation technologique, l’analyse des performances est devenue plus précise et plus efficace. Il est désormais possible non seulement de mesurer les résultats, mais aussi de les comprendre, et de bâtir une stratégie “assistée par ordinateur”.
Le Footbonaute, Cage analytique lanceuse de ballons
Dans les stades, pendant l’entraînement ou pendant les matchs, de nombreux outils apparaissent : caméra ultra large avec trackeur optique, logiciel identifiant des joueurs, capteurs intelligents,… Il est maintenant possible d’analyser les performances en termes de vitesse, mais aussi de style, de technique et de tactique. À Berlin, on a déjà inventé un “Footbonaute”, carré de pelouse de 14 m2 entouré de huit robots-lanceurs de ballons pour tester et entraîner les joueurs de football tout en récoltant des données statistiques.
Dans la même optique, Futur en Seine accueillera cette année la startup Trimaran et sa technologie GeoRacing, sélectionnée pour faire partie des 12 prototypes technologiques financés par la Région Île-de-France. Son projet offre la possibilité de suivre virtuellement en 2D ou 3D des événements sportifs en extérieur, notamment des courses. Au lieu de placer des caméras tout au long du parcours (coûteux et difficile techniquement pour une question de signal vidéo), la startup transfère chaque seconde les données GPS de capteurs placés sur les concurrents. Les références sont ensuite placées dans un visuel virtuel 2D ou 3D, et le tout est enrichi par une ou plusieurs caméra positionnées à des endroits stratégiques.
Mojjo, Visualisation augmentée et analyse de match
L’intelligence artificielle est également mise au service de l’analyse sportive. La startup Mojjo permet, elle, d’enregistrer un match de tennis et d’en retirer en quelques minutes des données clés par analyse artificielle du déroulé du match. Leur technologie est basée sur un algorithme de reconnaissance visuelle et fonctionne avec une seule caméra.
C’est l’interopérabilité entre les nouveaux capteurs et les techniques de reconnaissance et d’analyse pointues qui permettra de faire avancer les innovations dans le domaine sportif.
Faire corps avec la technique
Mieux, l’innovation se fraie d’ores et déjà un chemin dans le corps même des sportifs, par exemple grâce à des gélules connectées ingérées, permettant de connaître en temps réel la température et la récupération des joueurs au cours d’un match. L’entreprise BodyCap dédiée à ce domaine vient d’ailleurs de signer avec le FC Nantes.
L’innovation se passe également du côté des wereables. La startup Mac-Lloyd, incubée au Tremplin, travaille par exemple sur la production d’un maillot e-textile comportant des capteurs de grande précision destinés aux sportifs professionnels. Il rendent donc possible la connaissance précise et en temps réel de la position et de la physiologie de l’athlète à son coach : vitesse, distance parcourue, fatigue, etc.
Pour eux, la prochaine étape de développement concerne la physiologie, avec l’apparition de capteurs pouvant relever d’informations directement par le contact avec la peau.
Un pas plus en avant vers l’étrange nous mène à la récente création d’un tissu vivant (bio skin technology) composé d’une bactérie (déposée avec une bio-imprimante) qui permet un vêtement qui se modifie en fonction de la température du corps et de la transpiration. La bactérie en question, répondant au nom de Bacillus subtilis, est le fruit de la découverte d’un samouraï japonais il y a 1000 ans et est actuellement utilisée dans la cuisine traditionnelle. Soutenue par l’équipementier sportif New Balance, cette innovation vient d’un partenariat entre le MIT Media Lab et Tangible Media Group.
Plus loin encore, la recherche se tourne également vers l’exploitation des données du cerveau et de la pensée pour pousser les sportifs plus loin dans la recherche du geste parfait. En visualisant l’action avant de la réaliser, l’athlète va pouvoir s’entraîner mentalement avec l’aide d’images IRM, comme le fait par exemple le Centre de recherche et d’innovation pour le sport de Lyon.
L’innovation accompagne enfin la santé des sportifs, mais aussi les performances dans le handisport, décuplées par l’utilisation de plus en plus courante de l’impression 3D et des exo-squelettes.
Comme l’explique le responsable de l’incubateur sportif Le Tremplin Benjamin Carlier, “En tant que secteur, le sport peut être un accélérateur de l’innovation. Tout le monde sait que la F1 permet d’obtenir des avances technologiques qui vont être ensuite appliquées dans le reste de l’automobile.”
Du côté des athlètes de haut niveau, on constate bien que les lignes bougent et que l’on se dirige vers toujours plus de précision dans l’analyse et l’accompagnement des performances. Qu’en est-il hors du champ compétitif ? Si certaines associations, clubs et fédérations de plus petite taille prennent du temps pour se familiariser aux nouveaux outils et amorcer leur transformation numérique, on voit bien que les particuliers et amateurs, eux, ont à leur échelle des pratiques qui évoluent très rapidement. À suivre dans le prochain épisode.
Aller plus loin :
- – Découvrez la Lettre de veille prospective de Cap Digital dédiée au sport et au numérique. 45 pages pour mieux comprendre les dernières tendances et innovations dans le sport, les impacts du numérique sur sa pratique et sa consommation ainsi que ce que nous réserve l’ère du « sportif connecté » (45€) Lien
- – Vous y trouverez les interviews approfondies de Emmanuel de La Tour, co-fondateur de Mac-Lloyd, de Benjamin Carlier du Tremplin, de Emmanuel Witvoet de la startup Mojjo, etc.
- – Un tissu presque vivant, avec L’ADN Lien
- – Partez à la recherche du geste parfait, avec FutureMag : Lien
- – Data et sport, transformez l’essai, avec Les Clés de Demain : Lien
- – Comprenez le eSport en une infographie, sur le site du Gouvernement : Lien
- – Découvrez la marge de progression de la France, qui prend un carton jaune avec Méta-Media : Lien
Millie Servant, chargée de communication web pour Futur en Seine