Les nouvelles technologies ont généré de nouvelles formes d’organisations du travail, de nouveaux modes de diffusion et de partage des connaissances, impactant toutes les sphères de la société. L’éducation et le monde du travail se transforment au rythme des évolutions et des exigences sociétales. Cette année Futur.e.s se penche sur les mutations du monde travail qui inscrivent l’éthique écologique et humaine comme nouvelle précellence.
Venez vous instruire et débattre à Futur.e.s les 13 et 14 juin, où se côtoierons ingénieurs utopistes, techno pessimistes et curieux attentifs !
L’homo economicus 2.0 doit s’adapter
En trente ans le monde du travail s’est transformé, le numérique est devenue une norme professionnelle, le CDI n’est plus le graal dans une carrière, des happiness managers sont apparus, les formations sont accessibles à tout moment de notre vie, les reconversions sont monnaie courante. Le paysage économique a connu des mutations successives de plus en plus intenses, dont le tremblement de terre de l’uberisation. Au milieu du tumulte et de la précarisation apparaissent des îlots réflexifs, où on peut envisager une société qui valorise l’humain plus que le profit, l’apprentissage et l’épanouissement personnel plus que l’avancement. La société apprenante est l’un de ces îlots, à Futur.e.s on se penche sur cet idéal qui défend l’éducation, la formation tout au long de la vie, le développement professionnel et la construction des nouvelles compétences nécessaires aux métiers de demain. Une société où le numérique est éthique et ancre les aspérités sociales, les problématiques écologiques au cœur de son développement. Et si, finalement, ce n’était pas ça une société apprenante ?
(Crédit photo : AURÉLIE CHAMEROIS)
Mobiliser l’intelligence collective pour co-construire le monde de demain
Dans leur ouvrage Creating a Learning Society, les économistes Joseph Stiglitz et Bruce Greenwald exposent que l’évolution des technologies révolutionnent l’apprentissage et transforment ainsi la société. Selon eux, non seulement l’apprentissage érige la croissance et favorise le développement sur la durée, mais ils soulignent qu’ « une des avancées des économies modernes a été l’amélioration de leurs processus d’apprentissage, elles ont appris à apprendre ». Ils affirment ainsi que l’avènement de la société apprenante a eu plus d’impact sur le bien-être humain que l’accumulation des ressources. D’ailleurs la formation continue est à l’aube d’une nouvelle ère, en 2018 la France a mis en place une application, qui permettra à tous de gérer son compte personnel de formation et d’accéder à l’ensemble de l’offre de formations certifiantes et à des financements. Dans la continuité de cette réflexion, François Taddei, directeur et cofondateur du CRI a produit un rapport sur la co-construction d’une société apprenante au ministre du Travail, de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur. Dans ce rapport le héraut de la société apprenante présente les bases de ce que pourrait être une société apprenante soit une société qui permettrait « à tous d’intensifier la recherche, de faciliter l’accès de tous à la formation, aux expériences et aux résultats, et impliquer le plus grand nombre dans la conduite de projets innovants.».
Une perspective alléchante où les apprentissages collectifs et individuels sont encouragés, où on dépasse nos barrières mentales et mobilise nos capacités d’adaptation pour co-construire la société, où on célèbre l’apprentissage, où le libre partage permet de développer notre réflexivité, où les échanges suscitent la solidarité, une société qui permet le développement personnel et professionnel des individus. En bref une société qui apprend à apprendre.
Une perspective dans laquelle la société apprenante est une panacée, présentant l’idéal d’un monde sans conflit, sans classes, sans inégalités, où les gouvernances et entreprises s’associent autour de «projets écologiques, solidaires et d’inclusion sociale».
La société est en mutation, l’économie chamboulée par de nouveaux modèles, le marché de l’emploi est dénaturé, les normes sociales et salariales d’il y a vingt ans ne sont plus d’actualité, aussi la perspective d’une société apprenante est à creuser si on veut faire entendre des voix autres que celle du marché.
on en parle A Futur.e.s :
- La formation au service d’une entreprise apprenante – MASTERCLASSE – vendredi 14 juin au Mobilier national – Galerie des Gobelins
- Designer des expériences user centric – MASTERCLASSE – vendredi 14 juin au Mobilier national – Galerie des Gobelins
- Investissements : le plafond de verre. – MASTERCLASSE – vendredi 14 juin au Mobilier national – Galerie des Gobelins
- La transition écologique ? Ça s’apprend ! – CONFÉRENCE – vendredi 14 juin au Mobilier national – Galerie des Gobelins
- Le campus du 21ème siècle aux Gobelins – MASTERCLASSE – vendredi 14 juin au Mobilier national – Galerie des Gobelins
- Disrupter l’apprentissage. – MASTERCLASSE – vendredi 14 juin au Mobilier national – Galerie des Gobelins
AU micro :
- François Taddei, Directeur du CRI, Centre de recherches interdisciplinaire, ingénieur généticien créateur des saventuriers, « apprendre au XXIè siècle »
- Marin Pitavy, Initiateur du Manifeste pour un réveil écologique ?
Le salaire est mort, vive le freelance ?
Les RTT signent leurs dernières, la mort du salaire est annoncée. Depuis les années 2000 le salariat est sur une pente descendante au profit du freelance. D’aucun parlent de désir d’autonomie, d’autres l’expliquent par la recrudescence de la sous-traitance. Le CDI n’a plus la même valeur qu’auparavant et la sécurité de l’emploi s’amenuise. Le modèle de freelance entraîne la création de nouveaux métiers, programmateur urbain ou designer de stockage virtuel seront monnaie courante d’ici peu. La flexibilité du freelance permet aux individus de se créer un emploi sur mesure, qui correspond à leurs capacités et peut évoluer selon leurs envies. Le freelance s’adapte également au marché de l’emploi, un rouage qui pourrait s’adapter aux fluctuations de l’économie de l’emploi. Horaires flexibles, vacances au choix, régulation du marché, des points qui dressent un portrait flatteur de l’emploi 2.0. Pourtant le freelance a ses zones d’ombres, l’argument du « métier-passion » est bien souvent employé pour sous-payer les prestataires. Ce qui serait intolérable pour un boulanger est davantage accepté pour le travail graphiste. Cette précarisation de l’emploi se double d’une raréfaction de la protection sociale. En effet, jusqu’à présent notre système était basé sur le salariat, aussi les modalités doivent être ajustées afin de correspondre aux réalités du freelance. Des entreprises se sont engouffrées dans la faille de la sous-traitance qui menace ce statut d’indépendants.
Grâce aux nouvelles technologies numériques, Uber a été la première société à contourner les secteurs classiques de l’économie en créant un nouvel intermédiaire :une plateforme de mise en commun de clients et de prestataires à moindre prix. Le modèle a rencontré un tel succès que différentes plateformes du même style pleuvent à foison, on parle d’une économie de la plateforme ou de l’ubérisation du travail. Le principe est simple : les plateformes permettent une grande souplesse, les prestataires peuvent choisir leurs horaires, leurs missions et donc leurs rémunérations car ils sont payés à la tâche.
Indépendance, liberté, revenus au choix, fin du patronat… Les promesses de l’ubérisation sont nombreuses pourtant peu sont tenues. En effet les prestataires sont tous indépendants en tant qu’auto-entrepreneurs. Si le travail indépendant permet davantage de flexibilité organisationnelle, il est aussi source d’incertitudes et d’insécurité. Les indépendants « ubérisés » ne bénéficient pas des protections liées au statut de salarié, une précarisation qui est régulièrement dénoncée. La loi Travail du 8 août 2016 a introduit l’obligation pour les plateformes de prendre en charge une partie de la protection sociale des indépendants qui leur sont affiliés. Une des critiques adressées à ce système concerne le salariat déguisé qui accentuerait la sous-traitance et serait un moyen pour les entreprises de se libérer des charges patronales en employant de la main d’œuvre bon marché. L’ubérisation remet en cause le salariat comme norme, dont l’âge d’or semble révolu, aussi d’autres arguments que le salaire sont valorisés, le bien-être des travailleurs à tout hasard !
on en parle A Futur.e.s :
- Numérique + post-salariat + tous freelance : le salaire est-il devenu has-been ? – CONFÉRENCE – vendredi 14 juin au Mobilier national – Galerie des Gobelins
- L’intrapreunariat dans un grand groupe – MASTERCLASSE – vendredi 14 juin au Mobilier national – Galerie des Gobelins
Ordre du jour : Tous heureux.
Qui n’a pas déjà entendu la phrase “mon métier, c’est ma passion” ? Les nouveaux diktats professionnels nous poussent à vouloir un travail épanouissant, où on apprend constamment, où chaque jour est différent, un travail à la fois créatif, réflexif, stimulant et le tout dans une ambiance digne de la start-up nation !
Les entreprises font preuve d’une imagination sans borne en ce qui concerne le management du bonheur : chief happiness officer, team building, floor captain ou réunion hamac sont de la partie. Au nom d’une meilleure productivité, les entreprises cherchent à tout prix à rendre leurs salariés heureux, quitte à être parfois ridicules.
En corrélation avec la mode du développement personnel, l’injonction au bonheur est partout, Eva Illouz parle d’Happycratie. L’auteur explique que les années post-crise 2008 ont été le théâtre d’un nouveau discours de la part des entreprises. Afin de faire la pilule d’une perte de mobilité sociale, d’un marché du travail plus dur, les salariés sont encouragés à manifester de l’enthousiasme. La positivité devient le nouveau mot d’ordre. Les entreprises ont réinventé le monde du travail en un claquement de doigts ! Une absurdité que la philosophe Julia de Funes et l’économiste Nicolas Bouzou, dénoncent dans La Comédie in Humaine. Ils parlent de la mascarade des entreprises à cacher les règles de la bureaucratie sous de la souplesse, le manque de sens de l’emploi et de l’infantilisation des salariés à qui on offre que très peu d’autonomie. Un autre effet pervers de la dictature du bonheur est souligné par les auteurs : l’appétence pour le bonheur a trouvé son terreau dans l’individualisme. En effet une société où le bonheur est autant valorisé provoque un détournement du collectif et de la solidarité. L’intérêt commun se noie dans le bonheur individuel. Pourtant depuis quelques mois les CHO font face à une vague de « happy bashing » que Futur.e.s va décrypter cette année.
on en parle A Futur.e.s :
- Bonheur au travail, la grande arnaque ? – CONFÉRENCE – vendredi 14 juin au Mobilier national – Galerie des Gobelins
- La e-reconnaissance des salariés périphériques – CONFÉRENCE – vendredi 14 juin au Mobilier national – Galerie des Gobelins
AU MICRO :
- Danièle Linhart – Sociologue du travail, chercheuse au Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
- Pouya Mohtacham – Président fondateur de l’association Happytech et multi-entrepreneur.
(Crédit image : My serious game) Versus ! est une application qui propose une formation à la vente pour augmenter l’expertise de vos forces commerciales et leur taux de closing. une démo à découvrir à futur.e.s !
Le numérique, un catalyseur pour société apprenante ?
Trello, Slack, Google doc, Frampad, Teams ou Meltwater ont envahi nos quotidiens professionnels, les outils bureautiques sont devenus indispensables au bon fonctionnement des entreprises (et aliènent les travailleurs). Depuis les années 90 l’émergence et la démocratisation des nouvelles technologies ont considérablement modifié notre rapport au travail. La numérisation de la vie professionnelle a délesté les employés de tâches répétitives et chronophages au profit d’autres méthodes de travail.
Les personnes qui n’ont pas plongé dans la vague du numérique ont été délaissées sur les rivages de l’analogie et s’en trouvent pénalisées tant professionnellement que personnellement. Les inégalités d’accès au numérique et à la maîtrise de ces outils sont facteurs d’exclusion sociale, ce qui explique que les administrations publiques se sont longtemps tenues à l’écart des innovations technologiques (ou organisationnelles) qui voyaient le jour au sein de leur environnement économique. Pourtant à contrario le numérique est aussi considéré comme un facteur d’inclusion sociale vecteur de l’égalité des chances. Le numérique facilite l’accès au savoir et toutes les formations (ou presque) sont à portée de clic. D’ailleurs François Taddei explique que «La transformation du rapport au savoir dans l’ère numérique implique des évolutions importantes dans la manière d’enseigner : l’usage du numérique doit être systématisé dans les formations et l’évaluation des étudiants », car ne pas comprendre le numérique représente une véritable fracture sociale, on parle d’illectronisme.
Lutter contre ces fractures sociales est un véritable enjeu pour le secteur qui se réclame inclusif. Pour autant les inégalités sociétales sont aussi présentes et exacerbées dans le secteur du numérique : en 2016 on totalisait seulement 33% de femmes dans le secteur du numérique, contre 53% pour le reste de l’économie française, tous secteurs confondus. Les femmes demeurent encore très sous-représentées dans ces métiers, c’est pourquoi il faut souligner les initiatives telle que la Mixitech pour laquelle Cap Digital s’engage, car c’est en agissant en amont sur les inégalités que l’on peut produire un numérique éthique.
on en parle A Futur.e.s :
- Les visages de l’illectronisme – CONFÉRENCE – vendredi 14 juin au Mobilier national – Galerie des Gobelins
- Pour une diversité dans la tech – MASTERCLASSE – vendredi 14 juin au Mobilier national – Galerie des Gobelins
- Femmes et neurodiversité dans le monde du travail – CONFÉRENCE – vendredi 14 juin au Mobilier national – Galerie des Gobelins
- La mise online du moi-professionnel : full drama ? – CONFÉRENCE – vendredi 14 juin au Mobilier national – Galerie des Gobelins
- L’IA peut-elle faire de la discrimination positive ? – CONFÉRENCE – vendredi 14 juin au Mobilier national – Galerie des Gobelins
au micro :
- Agathe Lichtensztejn, auteure de « Le Selfie. Aux frontières de l’égoportrait »
- Fabienne Cazalis – Chargée de recherches en sciences cognitives au CNRS
Reinventons l’emploi de demain
On le dit, on le répète, le numérique a été un tsunami, il a bouleversé la société, fait muter le monde du travail changé la donne du développement durable, brouiller les frontières entre vie privée et vie professionnelle et ce n’est que le balbutiement d’une nouvelle ère !
La robotique et l’innovation vont inéluctablement transformer le monde du travail, d’ailleurs d’ici vingt ans la robotisation devrait faire disparaître 14 % des emplois. Avoir conscience de ces phénomènes permet de les orienter et de ne pas accepter le fait accompli. Que l’on parle d’innovation durable, de ville écologique, de société apprenante, il est nécessaire de développer un esprit critique afin d’ouvrir les bases d’une réflexion de la société que l’on désire.
Notre track Sociétés Apprenantes est l’occasion de se pencher sur les mutations monde du travail par le prisme du faire société. Alors rendez-vous les 13 & 14 juin pour apprendre à apprendre !