Cet article est le troisième d’une série de trois publications “Sport & Innovation” sur le blog de Futur en Seine. À (re)lire, le premier article L’innovation dans la peau et le second Harder, Faster, Stronger, les objets du sport.
Le mélange sport et innovation fait aussi des étincelles en matière de pratiques des supporters. Entamé avec le simple partage des performances sur les réseaux sociaux, l’engouement a pris de l’ampleur et donné naissance à des dispositifs de plus en plus originaux : Pour les JO de Sotchi, le Comité International Olympique a créé une plate-forme rassemblant les flux des réseaux sociaux des athlètes, l’Olympic Athlètes Hub. Le club de Manchester City a quant à lui collaboré avec Foursquare.
À l’heure actuelle dans l’Hexagone, les enceintes sportives accueillent dans leur enceinte des innovations variées : trackers, outils de replay, ballons ou matériel connectés, gélules intelligentes, etc (à relire dans l’article #1 de la série Sport & Innovation sur notre blog). Depuis 2012, le Stade de France organise des battles de tweets pendant les matchs. Pour l’Euro 2016, de nombreux stades ont été construits (Bordeaux, Nice, Lyon), et d’autres rénovés et rendus connectés et innovants (Stade Matmut Atlantique à Bordeaux, Allianz Riviera à Nice). Enfin, des fanzones connectées seront également mises en place.
Une opportunité encore à saisir pour la France
Mais si la numérisation des stades français est de plus en plus importante, elle atteint parfois des sommets chez nos voisins européens. Sans parler du Japon où le comité des J.O. 2020 créé par le ministère des sciences et technologies envisage la construction d’un village entièrement connecté, avec des robots accueillant le public jusque dans les aéroports.
Le principal défi pour la fréquentation des stades vient de l’utilisation croissante et l’amélioration du confort de consommation de sport sur tablette ou mobile (passant de 15 % en 2011 à 30 % en 2014) qui n’aide pas à mobiliser le public dans les enceintes sportives. De plus en plus de startups se positionnent sur ce créneau, notamment pour enrichir le contenu broadcasté ou améliorer le suivi de l’évènement via les réseaux sociaux. Mais d’autres vont encore plus loin avec la possibilité de suivre en réalité virtuelle un match depuis son canapé, à l’image de LiveLike VR (Source : Fortune).
Il faut donc réquilibrer la donne, car à l’heure actuelle, “les clubs touchent plus de revenus grâce aux droits TV que grâce aux spectateurs qui rentrent dans les stades”. (Benjamin Carlier, cité dans la lettre de veille de Cap Digital, page 7).
Pour que les stades bénéficient d’une bonne fréquentation, ils doivent impulser de nouvelles pratiques et renouveler la manière de les appréhender. Dans quelques années, les enceintes sportives seront des lieux hybrides dans lesquels on viendra passer une après-midi et vivre une expérience, davantage à la manière d’un parc d’attraction ou d’un centre commercial.
L’intérêt de la digitalisation est donc double pour les stades : non seulement mettre toutes les chances de son côté pour faire revenir le public en offrant une expérience originale, mais également s’assurer de nouveaux revenus grâce à des dispositifs boostant l’économie du sport. D’autant que les français sont en attente de tels dispositifs : 70% des supporters apportent leur smartphone au stade avec l’intention de s’en servir en lien avec le match (Source : Standford Business, cité dans la Lettre de Veille).
Quelques exemples pour profiter de cette double opportunité :
Faire du stade une expérience
Les sensations du match
Il est désormais possible de ressentir les sensations mêmes d’un joueur sur le terrain, le tout sans bouger des gradins. L’entreprise Foxtel a imaginé l’Alert Shirt, un maillot qui permet de ressentir les coups et les émotions d’un joueur de football. Connecté à une application en bluetooth, il récupère les battements de coeur, impacts, l’anxiété et la fatigue du joueur pour les transformer ensuite en impulsions via un textile imprégné d’un système électronique.
L’expérience collective
Plus communautaire, l’application “Unite this house” de l’AT&T Stadium permet de fédérer le public et de vivre une expérience unique à chaque action importante sur le terrain. Lorsque celle-ci a lieu, une notification est envoyée sur le smartphone de chacun des spectateurs. En un clic, tous les appareils des spectateurs s’allument, émettent des flashs et vibrent simultanément.
Le confort des gradins
De plus en plus d’applications permettent au supporter de bénéficier d’un confort optimal depuis son siège. Apple notamment via sa technologie iBeacon permet de localiser précisément un supporter et de lui envoyer des informations via son smartphone. Cette application “At the Ballpark” a été déployée notamment dans les stades MLB. Dès son arrivée dans le stade, il reçoit le plan pour rejoindre sa place et se voit proposer des réductions selon sa fidélité ou des sur-classements.
Pendant la suite du match, le spectateur peut également visionner des ralentis ou replays grâce à Vogo, mais aussi commander à manger depuis son siège via l’application Digifood, ou encore une bière, d’un simple tweet adressé à @beerme, grâce à l’opération “Tweet a beer” lancée par la NFL des Miami Dolphins dans le Sun Life Stadium.
S’assurer des revenus et optimiser l’énergie
Des offres publicitaires ciblées et interactives
Si l’accompagnement et optimisation du parcours de consommation sur le stade sont déjà assurés par les applications déployées dans le stade, ces derniers peuvent trouver dans la technologie des moyens bien plus importants de se créer des revenus.
Cela passe notamment par une meilleure utilisation des revenus publicitaires. Le déploiement des écrans, couplé avec un bon logiciel de suivi du trafic, permet de connaître en temps réel les profils et placements des spectateurs. En plus de cibler les publicités en fonction des places coûteuses ou moins coûteuses, des logiciels permettent maintenant de rendre actif l’utilisateur par rapport aux publicités en cours grâce à des QR codes présents sur les sièges. Et donc d’optimiser le taux de conversion. C’est ce que fait l’entreprise Advertiseat. D’autres, comme Tech4Team proposent de recueillir des informations au moment de la billetterie pour adapter l’offre commerciale sur place.
Faire un pas vers le green
Pour réduire les coûts énergétiques des grands matchs, la métropole de Saint-Etienne a décidé de lancer un projet pour éclairer le Stade Geoffroy-Guichard à l’aide d’huile de friture transformée en biodiesel (voir l’article du HuffingtonPost à ce sujet). Cette innovation devrait être mise en place en juin prochain pour l’Euro 2016. Il est également l’un des premiers stades français à assurer à ses visiteurs une connexion en 2, 3 ou 4G. De plus en plus de stades sont par ailleurs équipés en panneaux solaires pour assurer la climatisation en cas de grandes chaleurs. Le Grand Stade de Lille propose quant à lui une pelouse rétractable.
Mais un exemple en matière de technologie et durabilité demeure le Levi’s Stadium installé aux États-Unis : un tableau de bord y informe en temps réel les spectateurs, les officiels et joueurs, sur les points d’accès à l’eau et la qualité de l’air autour de l’enceinte sportive.
Le principal frein à l’arrivée de l’innovation dans les stades vient de la difficulté à changer de point de vue sur le rôle du stade. Les évolutions obligent à se repositionner et à considérer ce dernier non plus seulement comme une enceinte sportive mais comme un véritable lieu de divertissement aux expériences originales et variées, parfois même étrangères au sport à proprement parler. C’est donc par de la pédagogie et des habitudes que viendront les changements, et cela peut arriver très vite. Les clubs français prennent de plus en plus exemple sur leurs pays voisins, et les start-ups elles-mêmes imposent de nouveaux usages. Une évolution à suivre dans les mois prochains, et pendant Futur en Seine 2016 en juin prochain.
Aller plus loin :
- – Découvrez la Lettre de veille prospective de Cap Digital dédiée au sport et au numérique. 45 pages pour mieux comprendre les dernières tendances et innovations dans le sport, les impacts du numérique sur sa pratique et sa consommation ainsi que ce que nous réserve l’ère du « sportif connecté » (45€) Lien
- – La série d’article de Session Sport sur le stade 2.0 Lien
Millie Servant, chargée de communication web pour Futur en Seine