Sam Kodo est ce que l’on appelle communément un petit prodige de la robotique. Encore vingtenaire, ce jeune homme a remporté le prix coup de cœur de Futur.e.s in Africa en présentant son adorable robot-professeur, un certain VT-Bot, destiné à remplacer les professeurs lorsque ceux-ci sont absents, malades, en déplacement, etc. Nous l’avons rencontré.
Bonjour ! Pouvez-vous vous présenter en quelques phrases et nous expliquer d’où est venue l’idée de construire ce robot ?
Sam Kodo : Je m’appelle Sam Kodo, je suis originaire du Togo, et j’ai fondé la start-up Infinite Loop qui produit des jeux vidéo en 3D et des robots dotés d’intelligence artificielle. En ce moment, je développe un robot que je présente ici, à Casablanca. Il s’appelle VT-Bot – pour « virtual teacher robot ». C’est un robot qui peut permettre à un professeur absent de donner quand même son cours alors qu’il se trouve à des dizaines de kilomètres de ses élèves. C’est un robot humanoïde doté d’une tête, de deux bras, et il est capable d’exprimer des émotions humaines à l’image de la joie ou de la tristesse, ce qui permet aux enfants ou étudiants de « s’attacher » à lui. Il est également équipé d’une caméra, ce qui permet au professeur de voir les élèves.
Et comment l’avez-vous conçu ? A partir de quels matériaux, de quelles technologies ?
VT-Bot a été conçu à partir de pièces usagées. Chez moi, au Togo, il y a un vrai problème d’accessibilité aux matériaux nécessaires pour créer des robots. Les inventeurs sont obligés d’avoir recours aux moyens du bord ! J’ai dû utiliser des moteurs issus de jouets, de voitures, etc. J’ai tout de même réussi à le programmer et à le doter d’une intelligence artificielle. Bientôt, nous aurons l’opportunité de le perfectionner en imprimant certaines pièces grâce à des imprimantes 3D afin qu’il soit mieux designé, plus facilement commercialisable.
Et avez-vous envie de commercialiser VT-Bot, ou s’agit-il avant tout d’un projet pilote ?
Aujourd’hui, nous nous sommes un peu spécialisés dans les robots alors qu’avant nous construisions des ordinateurs alimentés par l’énergie solaire. Mais ce dernier secteur nécessite énormément d’investissements pour passer à l’étape de la commercialisation. Du coup, nous avons réorienté notre activité sur la robotique car contrairement à ce que l’on pourrait croire, il existe une vraie demande au Togo et plus largement en Afrique pour les robots-enseignants, surtout dans les universités.
La problématique de l’absence de professeurs en classe et plus largement du manque de professeurs est une thématique récurrente au Togo ?
Tout à fait. Actuellement nous traversons une crise qui fait que de nombreux professeurs partent en mission sans avoir la possibilité de donner des cours – j’ai connu ça lorsque j’étudiais à l’université, et ça m’a beaucoup marqué. Depuis, j’ai toujours ça dans un coin de la tête !